Invitées à l’Assemblée nationale par le groupe de travail « La démocratie numérique et les nouvelles formes de participation citoyenne », plusieurs collectivités sont venues présenter les modalités de leurs budgets participatifs. Toutes évoquent une « dynamisation » de la citoyenneté, à l’unanimité. Elles ne cachent pas, tout de même, que ce type de projets doit impérativement être « accompagné physiquement sur le terrain » pour toucher le plus de monde possible.(…)une convergence entre des élus en « recherche de nouveaux liens de confiance à tisser et des citoyens qui aspirent de plus en plus à participer à la vie de leur cité ». (…) les budgets participatifs « s’adaptent aux collectivités de toutes les tailles de 1000 à 1 million d’habitants »(…)À Rennes, Stéphane Lenfant, chef de projet Démocratie locale, décrit un budget participatif qui en est « à sa troisième saison » : « 5% du budget investissement, soit 3,5 millions euros, est aujourd’hui en budget participatif. Nous avons des projets variés allant d’aménagement de proximité, comme des jardins partagés à de grands projets structurants, type jardin flottant. Mais surtout, nous sommes passés entre 2015 et 2017 de 7000 votants à 16 000 ! » Et Stéphane Lenfant de noter un « engouement des habitants, qui se saisissent de la démarche et n’hésitent pas à faire campagne pour leurs projets sur les réseaux sociaux et sur le terrain. Le budget participatif a vraiment dynamisé la citoyenneté ».Mêmes impressions à Paris (100 millions d’euros soumis aux 98 000 votants en 2017, soit 7% des Parisiens) qui voit dans cet outil participatif l’occasion de « toucher un #public jeune, les moins de 40 ans, qui ne viennent pas forcément aux conseils de quartier », explique Marie Colou, sous-directrice à la direction de la démocratie, des citoyen.ne.s et des territoires de la ville. À Montreuil, une ville « qui aime le débat », Sylvie Baste-Deshayes, responsable du service démocratie participative, l’initiative a également « pris » avec la présentation l’année passée de 129 projets aux habitants dont 35 ont été retenus !Pédagogique… et décloisonnant !
Pour Marie Colou, de Paris, les budgets participatifs ont également un rôle « pédagogique auprès des habitants. Cela nous permet d’expliciter les règles de l’administration, les coûts des projets qu’ils déposent et le temps dont on a besoin pour les mettre en œuvre. Les Parisiens comprennent mieux nos contraintes ! Par ailleurs, nous devons également beaucoup expliquer ce qui relève ou non de notre compétence-ville. Par exemple, nous avons beaucoup de projets autour des stations de métro, alors que c’est le STIF ». Autre intérêt : celui de « changer » les fonctionnements au sein des services, car « souvent les projets – qui n’ont pas été pensés par des ingénieurs – ne dépendent pas d’une seule direction, et sont au contraire protéiformes » constate Marie Colou qui reconnaît « quelques frictions entre services qu’il faut gérer ».
À Montreuil, Sylvie Baste-Deshayes a par ailleurs constaté le besoin des habitants, au travers des projets déposés, de voir également « pris en charge des questions sociales ». « Nous réfléchissons donc à créer des partenariats avec des associations sur ces points ».(..)Ces trois villes sont enfin tombées d’accord sur la nécessité de ne pas se contenter d’une plateforme numérique pour communiquer. Ainsi, à Rennes, Stéphane Lenfant évoque un « décrochage et une fracture numérique bien réels des quartiers les plus fragiles et éloignés », d’où l’idée dans cette ville de revenir « au vote papier » et de veiller à communiquer sur le terrain sur le budget participatif. Même constat à Paris qui installe à chaque vote une centaine d’urnes dans la capitale, qui partage cette idée d’accompagner « physiquement le projet ». sur le terrain À Montreuil, cet enjeu a également été identifié, la ville tenant elle-aussi à aller « chercher tous les publics ». Il a donc été décidé de « démultiplier les réunions » a expliqué Sylvie Baste-Deshayes.
Un pari réussi pour ces trois villes qui ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. À Paris, Marie Colou a déjà remarqué un fort engouement des Parisiens pour « participer après le vote à la mise en œuvre des projets aux côtés des techniciens de la ville ! »